Le temple de Belfort
Le temple Saint-Jean de Belfort
Les communautés protestantes de Belfort et de Giromagny ont très tôt été liées et rassemblées en une même paroisse, chaque commune ayant cependant eu ses propres lieux de culte.
La communauté protestante de Belfort et l’édification du temple
Avant la Révolution, en dehors des militaires étrangers, il n’y avait pas de protestants à Belfort.
Après la loi dite « des articles organiques » (1802), qui leur accordait l’égalité religieuse avec les catholiques, les protestants purent s’établir à Belfort, alors rattachée à l’Alsace. Ils n’étaient encore que 17 en 1823, 42 en 1850. Ils dépendaient de la paroisse d’Héricourt, où ils devaient se rendre pour le culte. Il leur était impossible d’avoir la moindre salle à Belfort, pas même pour les enterrements, célébrés au cimetière.
A Giromagny, un oratoire existait dès 1853.
En 1850, César de Waldner de Freundstein devint le receveur particulier des finances à Belfort. Lui et son épouse, Climène Kœchlin, étaient très attachés à leur église. Ils offrirent un pavillon, dans leur propriété, aujourd’hui inclus dans la Salle Kléber, ancien pavillon de chasse du général Jean-Baptiste Kléber qui avait été architecte officiel de la ville de Belfort de 1788 à 1792. Une collecte faite parmi les protestants de Belfort permit d’aménager l’intérieur du pavillon en oratoire, où le premier service eut lieu le 7 janvier 1855. Successivement deux pasteurs furent nommés à Belfort, et en 1866, le protestantisme avait pris place dans notre ville : 137 protestants inscrits à Belfort et 150 disséminés. L’oratoire devenu trop petit, fut agrandi en 1866.
A la suite de l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne (traité de Francfort du 10 mai 1871), de nombreux alsaciens protestants vinrent s’établir à Belfort, seule partie de l’Alsace à être restée française, et qui aura désormais sa propre histoire sous le nom de « Territoire de Belfort ». Il y avait plus de 650 protestants inscrits à Belfort en 1872.
Le Conseil Presbytéral, lors d’une séance fin 1874, proposa de remplacer l’ancien oratoire par un grand temple. Le choix du Faubourg des Ancêtres s’imposa de par son important développement. Le terrain fut acheté, et le financement du temple fut assuré par une subvention de la ville de Belfort et de l’Etat (Ministère des Cultes), par des collectes réalisées en Alsace, dans le Pays de Montbéliard, en Suisse, à Paris et à Lyon. La ville de Belfort devint propriétaire de l’immeuble, par la signature du maire lors du contrat d’achat du terrain. Officiellement les travaux avaient été confiés à M. Cordier, architecte départemental, mais le véritable architecte fut M. Jundt, ingénieur des Ponts et Chaussées et conseiller presbytéral.
Le Temple Saint-Jean fut inauguré et consacré le 10 mai 1877, en pleine réaction conservatrice antiprotestante. Cependant le clergé ne cherchait plus à s’opposer à l’établissement d’une communauté protestante. Il y avait plus de 1000 protestants inscrits après 1880, sans compter la population « flottante » : fonctionnaires, militaires, et celle des villages.
Giromagny vit l’inauguration de son temple en 1902
La loi promulguée le 11 décembre 1905 réalisa la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Dès le 1er janvier 1906, le budget des cultes cessa d’exister, et les diverses communautés religieuses n’eurent plus à compter que sur elles-mêmes pour assurer leur existence et leur développement. Mais cette loi de séparation, en déchargeant l’Etat de ses obligations envers les Eglises, leur rendit la liberté.
Le temple de Belfort, propriété de la ville, fait désormais partie des édifices dont l’Etat nous accorde la jouissance. Par contre les presbytères protestants de Belfort, rue Kléber et rue Guidon, leurs locaux attenants, ainsi que le temple de Giromagny, appartiennent à la paroisse luthérienne de Belfort-Giromagny, membre de l’Eglise Protestante Unie de France, paroisse qui est en charge de leur entretien et fonctionnement.
A noter qu’en décembre 1984, un orgue remarquable a été inauguré au temple Saint Jean de Belfort. Réalisé par le facteur d’orgue Marc Garnier de Morteau, son esthétique sonore et visuelle s’inspire des instruments du Nord de l’Allemagne au XVIIe siècle.
Voir la page consacrée à la communauté protestante de Giromagny